Ciné-séminaire Stilleben du 11 décembre : À propos de Mulholland Drive (2001) de David Lynch

《 Une histoire d’amour dans la cité des rêves 》disait David Lynch à propos de Mulholland Drive, où blonde et brune du début ne seront plus les mêmes à la fin. Mulholland Drive déconstruit la certitude d’une histoire, suspend notre besoin impérieux de déceler dans toute unité filmique une logique narrative. Le film propose au contraire une hypothèse déambulatoire, un passage entre différents niveaux de réalité auxquels les personnages, tout comme le spectateur, seront confrontés. Nous suivrons peut-être un fil, mais ce fil nous perdra progressivement, et jusqu’à la fin.

Poursuivant notre réflexion sur le statut de l’image dans notre rapport à la construction d’une réalité – subjective, sociale et culturelle – sur ce qui nous fait désirer subjectivement et qui construit également les identités sociales performatives, nous avons voulu consacrer la séance de décembre au fantasme. Par la construction de séquences saccadées dans lesquelles l’image atteint le paroxysme du fantasmatique, et dans le déplacement vers d’autres lignes désirantes provoqué par cette collection d’images – iconiques, intenses, démembrées – David Lynch désarticule notre relation à la réalité et à la continuité subjective autour de laquelle s’organise l’identité.