La science et le vivant face aux crises écologiques et sociales et à l’avent de l’intelligence artificielle

Le modèle de développement humain ne prend pas suffisamment en compte les équilibres nécessaires à la préservation de la vie. En effet, l’expansion de l’humanité semble liée aux crises qui affectent le vivant, notamment des crises climatiques et les mouvements migratoires souvent liés à ces dernières. Nous vivons aussi une transformation dans notre relation à l’environnement matériel et social, d’abord avec l’introduction d’énormes processeurs d’information facilement accessibles grâce à l’internet et, plus récemment, avec l’évolution de l’intelligence artificielle. Cette transformation a provoqué aussi une crise, dans notre relation à l’autre social, dans notre conception de l’humain et du vivant, dans notre manière de nous relier à notre environnement physique et subjectif. C’est à partir de toutes ces transformations que nous devons aujourd’hui analyser l’évolution des frontières de ce que nous entendons par humain, entre la vie « intelligente » et les dispositifs techniques sur lesquels se construisent les relations humaines, à travers ce que Donna Haraway a appellé une épistémologie « située ».

Si toutes ces transformations dans notre rapport à l’environnement réel et social ont un effet indéniable sur notre manière d’accéder et de traiter l’information et la connaissance, comment l’appropriation quasi subjective de certains dispositifs technologiques dans notre accès à l’information et à la connaissance transforme les relations entre les humains ? Ou entre l’humain et le vivant ? Comment cet accès à la connaissance affecte notre compréhension l’importance de l’équilibre entre l’environnement physique, le vivant, l’individuation et la subjectivation ? La science devrait être un vecteur de développement et de croissance de la civilisation, mais notre relation actuelle à la connaissance ne semble plus nous aider à développer une meilleure compréhension de l’équilibre entre la croissance et la vie. Dans le contexte universitaire, il convient de nous interroger sur notre manière de continuer la recherche, voire le « sens » que nous voyons dans cette dernière, si nous espérons mieux maitriser les effets de la connaissance sur les crises auxquelles le vivant est actuellement confronté. En effet, Freud proposait en 1927 que la science est l’une des créations civilisatrices destinées à rendre possible la vie en communauté, faisant rempart à la tendance destructrice de l’homme : elle permet de donner un but et un sens à la vie humaine. Il serait alors nécessaire de ne pas perdre de vue la question du sens. La science pourrait-elle donner un sens à l’être humain dans sa relation à l’environnement physique et organique ? Le progrès de la civilisation saura-t-il dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d’agression ? Qu’est-ce que la compréhension du vivant nous apporte à nous, humains ou cyborgs ?

Mercredi 20 novembre 2024 (14h-18h), Bâtiment Condorcet, Campus Grands Moulins, 4 rue Elsa Morante, Paris 13ème.

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