Cité Universitaire
27 Boulevard Jourdan
Paris 14ème.
Faire face aux violences sexuelles et sexistes, une conférence dansée de Julie Nioche et Isabelle Ginot
La communication non verbale, comprenant les expressions faciales, le langage corporel et la prosodie, est essentielle dans les interactions humaines en général et particulièrement dans les contextes cliniques. Le dialogue tonico-émotionnel qui en découle contribue au partage d’émotions et à la construction des liens sociaux.
Les recherches en psychopathologie ont permis de mieux comprendre l’importance de cette communication infra-verbale, tout d’abord dans les troubles du spectre autistique, en périnatalité mais leur importance devient de plus en plus importante dans d’autres contextes de souffrance psychique, comme l’exclusion sociale ou les traumatismes. La modalité de présence corporelle des praticien.ne.s est, de ce point de vue, cruciale pour établir une alliance thérapeutique offrant un espace sécurisé où le patient se sent écouté et compris. Une approche thérapeutique efficace implique une attention aux aspects corporels et non verbaux ainsi qu’au rapport subjectif à l’espace environnant. Cette approche peut être étendue à d’autres domaines d’intervention, tels que le social ou les soins physiques, comme la médecine, les soins infirmiers et l’éducation.
Nous avons intégré cette écoute du corps et des vécus spatiaux dans le travail développé avec un réseau de doctorant.e.s en sciences humaines depuis 2019, en association avec Catherine Perret, philosophe et professeure d’esthétique à l’université Paris 8, et avec Isabelle Ginot, professeure au département de danse de la même université. Une première rencontre entre chercheurs en psychologie, en danse, et des praticiens en danse et en psychologie fut organisée au Centre d’Etudes du Vivant, par Derek Humphreys et Dominique Mazéas en 2023. Une série de workshops ont pu avoir lieu depuis cette date. Au cours de ces workshops de réflexion clinique, nous avons analysé la fonction des modalités de présence du thérapeute dans les échanges infra-verbaux et non verbaux. Ayant pu ainsi repérer des difficultés cliniques précises, nous avons formé ces doctorant.e.s et praticien.ne.s à une écoute fine des manifestations corporelles non verbales en nous associant à chercheurs en musique et en danse et à des artistes musiciens et danseurs entre 2023 et 2024. Cette extension de la réflexion sur le corps à la question des violences sexuelles et sexistes nous permettra d’associer nos recherches à celles menés par Beatriz Santos.
Avec cette conférence dansée, Isabelle Ginot, chercheuse et enseignante et Julie Nioche, chorégraphe et danseuse, continuent leurs recherches sur « ce que peut la danse », rejoignant cette fois les luttes contre les violences et harcèlements sexistes et sexuelles.
À partir de la pièce chorégraphique OUTSIDER de Julie Nioche, elles témoigneront de ce que construisent des échanges de savoirs entre danseureuses et militant.e.s engagé.e.s dans les luttes contre ces violences.
Cette pièce OUTSIDER ne se veut ni slogan, ni illustration, mais plutôt invocation de ce que traversent les corps, dans leurs blessures comme dans leurs réparations. Sur un registre poétique plutôt qu’illustratif, il s’agit de témoigner pour les corps, et de tenter d’invoquer une danse de réparation.
Quelles traces laissent l’agression dans les corps, quelle danse soutient la réparation ; que sentent les corps libérés, quels sont leurs gestes ?
En partenariat avec la Maison Heinrich Heine/Fondation de l’Allemagne. Cette manifestation aura lieu dans la salle A. Grosser de la Maison Heinrich Heine. L’inscription est vivement conseillée.